Je me suis par le passé beaucoup intéressé à la généalogie et je continue de faire partie de plusieurs forums spécialisés sur la Toile : c’est un lieu commun de dire que la généalogie, surtout la généalogie familiale, mène à tout à condition d’en sortir ! Aujourd’hui les bases de données généalogiques informatisées, du moins lorsque ces données ont été soigneusement vérifiées et saisies, constituent un matériau primaire essentiel pour bien des travaux d’histoire sociale ; mais d’autres applications sont possibles, comme en témoigne la thèse en cours de Nadine Pellen sur la mucoviscidose, pour laquelle cette chercheuse a reçu le soutien actif de nombreuses associations généalogiques bretonnes.
Cependant, ces données quantitatives et sérielles, à l’instar de certaines études généalogiques qui se présentent parfois comme des arbres desséchés, ne doivent pas nous faire oublier que nos ancêtres étaient des êtres de chair et de sang, dont l’activité humaine obéissait aux multiples contraintes de l’époque à laquelle ils vivaient et de leur état social ; ce dernier était susceptible, au fil des générations justement, de connaître des modifications substantielles, consécutives à des phénomènes d’ascension socio-économique ou, à l’inverse, à des accidents de la vie. Plus intéressant encore, c’est au sein d’une même famille que de tels aléas, positifs ou négatifs, se font jour, ouvrant au nécessiteux des perspectives lumineuses, brisant au contraire la réussite d’un ambitieux sur le chemin de la fortune, de la considération ou du pouvoir, entrainant chez l’un ou chez l’autre des départs, des projets, des installations, des larmes, des jubilations, des faux-départs, des humiliations, des retours, des naissances, des mariages, des enterrements…
Ce sont ces aléas - révélés, à l’insu des personnages qui les ont vécus, par les vestiges ténus que leurs existences souvent modestes ont laissés dans les archives et qu’une approche à la fois quantitative et qualitative de la documentation permet de retracer, au moins sommairement - qui retiennent aujourd’hui mon intérêt et dont je souhaiterais entretenir les lecteurs de ce blog.
© André-Yves Bourgès 2011